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Mercredi 08 janvier 2025 - 18:30

Lê Quan Ninh / Félicie Bazelaire

À l’occasion de la parution du livre ‘’La voie négative’’ de Lê Quan Ninh, chez ARTDRIEN.

L'édition (ultime) bilingue (français/anglais) du fameux texte de Lê Quan Ninh qui explore, sous la forme d'un abécédaire, l'expérience singulière d'improviser et l'improvisation libre.

Les premiers fragments, rédigés il y a une vingtaine d'an

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Commentaires

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- Commentaire de Jacques (2013-03-27)

dedalus - antoine beuger - jür
En avril 2012, l’ensemble Dedalus a été invité à jouer différentes compositions du collectif Wandelweiser dans la salle d’exposition de l’ancienne Brasserie Bouchoule des Instants Chavirés. Ce lieu, non isolé des bruits extérieurs, a permis une immersion totale de la musique dans son environnement sonore urbain. Cet enregistrement propose deux pièces d’Antoine Beuger (Méditations poétiques sur quelque chose d’autre, Lieux de passage) et une de Jürg Frey (Canones incerti). Pour ces concerts, Dedalus était composé de : Didier Aschour (guitare), Antoine Beuger (flûte), Cyprien Busolini (alto), Jürg Frey (clarinette), Stéphane Garin (percussion, vibraphone) et Thierry Madiot (trombone).

 

 

- Commentaire de Jacques (2013-06-17)

dedalus - antoine beuger - jür
Le label français Potlatch publie ici pour la première fois des pièces issues du collectif Wandelweiser. Quoi de plus naturel donc que de publier les extraits du « premier concert [français] Wandelweiser », organisé l’année dernière par Les Instants Chavirés lors de la semaine Wandelweiser. Parmi les différentes œuvres de Malfatti, Pisaro, Beuger et Frey interprétées à cette occasion par l’ensemble Dedalus, trois œuvres ont été retenues pour ce disque, composées et interprétées par les compositeurs Antoine Beuger (flûte) et Jürg Frey (clarinette), aux côtés des musiciens Didier Aschour (guitare), Cyprien Busolini (alto), Stéphane Garin (percussions, vibraphone) et Thierry Madiot (trombone), quelques uns des membres de l’ensemble dedalus. Je ne sais pas dans si c’était réellement volontaire de la part des organisateurs du festival, mais le lieu d’enregistrement est particulièrement mal insonorisé, et le trafic urbain est par conséquent très présent sur chaque pièce, la notion d’intérieur et d’extérieur tend alors à se dissoudre tout au long de ce disque. Tout commence avec les Méditations poétiques sur quelque chose d’autre d’Antoine Beuger, ma préférée des trois œuvres sélectionnées. Ma préférée car elle se distingue clairement des deux autres grâce à sa structure en trois strates ou trois plans qui s’imbriquent avec délicatesse et sensualité. Ces trois strates, ce sont d’une part les mélodies jouées par les instruments, des mélodies différentes mais proches qui s’entremêlent de manière tonale, mais surtout de manière hasardeuse et étirée. D’autre part, plusieurs musiciens chantent à un volume très bas, dictent et murmurent des textes tout au long du concert, fragments de textes philosophiques en français dont le sens fond dans la musique et le murmure musical. Car c’est bien une musique du murmure à laquelle on a affaire ici, le murmure vocal des textes chuchotés, à côté du murmure calme et musical des instruments qui jouent à un volume très bas. Sans oublier la troisième strate, un paramètre devenu quasiment académique aujourd’hui : l’environnement sonore. C’est peut-être une méthode d’enregistrement et d’interprétation surexploitée aujourd’hui, mais j’aime beaucoup comment musique et textes se fondent dans cet environnement, il ne s’agit pas de confronter la quiétude des mélodies (finies et déterminées) au mouvement brownien de l’environnement urbain (perpétuel et chaotique), il s’agit de confondre toutes les strates en un murmure sensuel et beau. Un murmure délicat, calme, posé et sûr de lui, un murmure poétique et sensible, un murmure magnifique. Trente minutes de pure poésie. Comme sur les Méditations de Beuger, les Canones Incerti de Jürg Frey sont construits selon un schéma polyphonique qui pourrait rappeler certaines formes d’écriture médiévale. Ici, il n’y a plus que deux plans – l’ordre des enregistrements semble de toute manière avoir été choisi en fonction du degré d’épurement-, deux plans donc : la mélodie et l’environnement. Un système de mélodies individuelles qui sont jouées une ou plusieurs fois, sur différentes durées, par chacun des musiciens. Un système complexe composé d’éléments simples. Les mélodies s’imbriquent et s’entremêlent pour former un brouillard sonore poétique et instable, auquel se mêlent également les bruits extérieurs pour former un nuage complexe de musique et de bruits égaux. Une forme musicale tout en calme et en quiétude, mais loin d’être exempte de tension et d’intensité. Une tension qui peut se ressentir à travers l’opposition de l’intérieur et de l’extérieur, et une intensité qui provient en grande partie de la concentration extrême dont semble faire part chaque interprète. Puis, avec Lieux de Passage d’Antoine Beuger encore, c’est le plan mélodique qui semble se simplifier et s’épurer puisqu’il ne s’agit plus que d’une voix (la clarinette de Jürg Frey) avec accompagnement instrumental (plus le « bourdon » extérieur). J’avais déjà pu entendre cette pièce sur le coffret Wandelweiser und so weiter publié il y a six mois chez Another Timbre, et du fait de l’enregistrement studio (peut-être aussi de l’interprétation car Frey n’était pas accompagné des mêmes musiciens), je trouvais Lieux de passage beaucoup plus profond et intense dans sa version studio. Car ici, la pièce est tellement épurée que les bruits environnants en deviennent presque gênants, ils peuvent parfois empêcher de percevoir le mouvement linéaire et la forme de la pièce. Une longue mélodie étirée et sensuelle jouée par Jürg Frey, une complainte accompagnée par moments de longues notes monotones et neutres. Plus que le plan mélodique, c’est tout le plan instrumental qui s’épure ici. Car les intonations parfois poétiques, plaintives ou mélancoliques qu’on pouvait trouver sur les deux autres pièces sont beaucoup moins présentes, tout le monde – Jürg Frey en premier – joue ici une version éthérée de cette œuvre magique. Tout est en suspension et en flottement, ce qui ne fait qu’appuyer l’aspect très onirique et merveilleux de cette pièce. Encore 25 minutes de rêve. Trois pièces représentatives, peut-être même trop, du collectif Wandelweiser. Si je suis passé un peu à côté de celle de Jürg Frey, je reste extrêmement admiratif devant celles de Beuger. Une suite qui laisse rêveur, songeur, une suite merveilleuse où plus la simplicité est radicale, plus l’intensité est forte. Trois pièces qui entraînent une perte des repères dans un univers poétique et fantastique. Recommandé. Julien Héraud

 

 

 

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